Couloir Gang – Kasteel Bordeel (LP)

12,00

en écoute :
 Bandcamp

Vinyl noir
Catégorie : Étiquettes : , , ,

Description

Entre Bruxelles et le Morvan, COULOIR GANG réunit Ravi Shardja et Jean-Marcel Busson dans un corridor façon Alphaville, où chaque porte de leur KASTEEL BORDEEL s’ouvre sur une nouvelle piste musicale, electro, new-wave, punk, DIY… Autant de chemins perpendiculaires à l’esprit de sérieux, pièces à danser incantatoires, poupées russes contorsionnées hantant un château porno.

Après trois cassettes et le disque Zur Kool (sur le label Suara Papua de Ravi Shardja) issus de sessions d’impro, le duo revient avec un album réfléchi, mûri. Chansons à textes (lointains), mélodies à peine saturées de parasitages (samples de boucles r’n’b, superpositions de tempos, trompettes free ou grésil sur la voix), s’essayant aux couplets (décuplés), ponts (escarpés) et refrains (sans retours), le Kasteel Bordeel de Couloir Gang met un certain ordre dans le palais de leur cerveau, agence les pièces de leur puzzle musical intime, offre enfin de nouveaux espaces aux corps invités. Et si Couloir Gang fut d’abord une blague sémantique redondante (« Gang » signifiant « couloir » en néerlandais), la musique des deux amis se développe plus que jamais autour des idées de différence et de répétition.

Formé de mille plateaux harmoniques, strates soniques et variations noise, ce château-bordel se nourrit à la new-wave d’Alan Vega (« She’s in she’s out) ou de Ian Curtis (« Slavish Temper »), aux gialli horrifiques (« Château porno ») comme aux trompettes free (« Everything you say is true), aux machines de Cabaret Voltaire (« 7699 travailleurs »), aux masques freaks des Residents (« Mutazione Zombi »)… Et si la base, essentiellement rythmique, est une solide fondation à ce palais des glaces déformantes, on y entend aussi les architectes fourbir leurs outils (modifier les textures des boites à rythmes), tracer des plans (sur la lente litanie « Everything you say is true »), graver des histoires d’amour sur la pierre (« She’s in she’s out »), ou rédiger des manifestes pour un urbanisme nouveau (« 7699 travailleurs », mariant le ton martial du discours politique, en russe, et l’évocation des enfers mythologiques). Si « Kasteel Bordeel » est une demeure du chaos, chaque chose y a bien une place choisie.
(Wilfried Paris)